Complément d’une lettre par Françoise Paul-Lévy

Publié le par artefacte-asso.com


    C’est pas facile le boulot de citoyen, celui qui fait qu’on cherche à s’informer pour et avant de juger et que plus ou moins on y arrive. C’est pas pour s’excuser, c’est seulement un constat, qu’il s’agisse de la vie à peu près ordinaire ou d’événements qui n’en font pas partie. La catastrophe de Tchernobyl le montre amplement.
    Le 26 avril 1986, explosion thermique 1 à la centrale électrique de Tchernobyl du réacteur nucléaire n° 4,  entré en fonction en 1983 2 . Déjà là les difficultés : c’est grâce à V. Nesterenko que je viens seulement de lire que j’ai appris la distinction à faire entre thermique et nucléaire mais dire que je comprends exactement serait mentir. À une exception près : que si l’explosion avait été nucléaire, si les hommes qui sont intervenus sur les lieux n’avaient pas fait tout ce qui était possible pour empêcher que de thermique, elle devienne nucléaire et n’y avaient pas réussi au prix et au mépris du danger pour leurs vies, une telle explosion « pouvait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 km de rayon (englobant la ville de Minsk) et toute l’Europe pouvait se trouver victime d’une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible » (citation de la lettre-document de Vassili Nesterenko, datée de 2005). C’eut été eux et nous dans le pire, un pire qui littéralement excède ce que je et sans doute nous tous pouvons concevoir. Grâce à eux, ce pire là a été évité et le pire qu’ils affrontent, c’est chez eux qu’il est resté. Ça vaudrait bien une minute mondiale de silence tous les 7 mai, vous ne sentez pas ? Pensons-y. Cette nécessité de silence me saisit, c’est un obstacle à franchir pour continuer d’écrire ; ce que je veux pourtant ; en exprimer la difficulté pour fabriquer une médiocre passerelle. La centrale de Tchernobyl est dite électrique ; naguère j’eusse dit centrale nucléaire mais ce sont les réacteurs qui le sont. Électrique parce qu’elle produit de l’électricité. Nucléaire civil, alors comme on dit ? Mais je lis chez Y. Lecerf et E. Parker, dans un passage un peu alambiqué que « tous les réacteurs soviétiques du même type que celui de Tchernobyl sont issus d’une technique à usage militaire et parfois même encore utilisés à des fins miliaires en URSS »3 . Et chez V. Nesterenko ceci : « Le matin du 28 avril je me rendis au Kremlin, à la Commission militaro-industrielle du Conseil des Ministres de l’URSS, pour y régler des questions urgentes ayant trait aux essais de la centrale atomique mobile « Pamir » dont j’étais le constructeur en chef. C’est là que j’appris l’angoissante nouvelle : un accident était arrivé à la centrale atomique de Tchernobyl, un incendie s’y était déclaré, et le matin du 26 avril une Commission gouvernementale s’y était déjà rendue en avion ». Commission militaro-industrielle donc ; toutes les centrales atomiques en dépendaient- elles ?

Mais à date actuelle,  ailleurs dans le monde, comment ça se passe, comment ça s’organise ? Y a-t-il l’équivalent de cette commission ou y a-t-il séparation stricte du nucléaire militaire et civil ? Qui nous le dira ? Nucléaire civil, ça fait moins peur que l’autre, à tort peut-être mais si de fait c’est plutôt militaro- industriel, ça veut, ça voudrait dire quoi ? Qui nous le dira ? Encore que civil, si proche de civilité et de civilisation, c’est pas forcément le terme le plus approprié quand on sait que les enfants dans les régions contaminées naissent avec des malformations et grandissent comme des vieillards mais si ça peut aussi faire le rapprochement avec civisme et indiquer que les gens qui y bossent ont en eux l’esprit civique, tant mieux. Je me sens dans tout ça dépassée et dans tout ça citoyenne comment ? Qui me le dira ?
    Maintenant l’explosion du 26 avril. Pas une mais deux (voir le document de V. Nesterenko) avec destruction d’éléments du bâti et incendies ; et avec dans le documentaire réalisé par T. Johnson l’indication que le sol de la centrale se met à trembler4.  Or : « Je fis un rapport sur les résultats de ces calculs le 3 mai 1986 à une réunion chez le premier secrétaire du CC5 , N. Sliounkov. Voici quelle était mon estimation de la situation que j’exposai à cette réunion : la probabilité d’une explosion atomique n’était pas grande car au moment de l’explosion thermique tout le cœur avait été mis en pièces et dispersé non seulement à l’intérieur du réacteur mais sur tout l’espace industriel   entourant  la  centrale.  On  me  demanda  pourquoi   je  ne garantissais pas à 100% qu’une explosion atomique ne pouvait avoir lieu à Tchernobyl. Je répondis que pour cela il fallait connaître l’état de la plaque de béton sous le réacteur. Si la plaque n’avait aucune brèche, aucune fente ou crevasse et si des fentes n’allaient pas apparaître plus tard, on pouvait affirmer qu’il n’y aurait pas d’explosion atomique » (même document). Il faut admettre qu’il y avait une incertitude sur les fentes puisque : « Il y a une chose que je sais pour sûr : des milliers de wagons de chemin de fer avaient été réunis autour de Minsk, Gomel, Moguilev et les autres villes se trouvant dans un rayon de 300-350 km de la centrale de Tchernobyl pour l’évacuation de la population si une telle nécessité se présentait. ». C’est-à-dire en cas d’explosion atomique.     Et il écrit encore : « Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable. » La date butoir c’était le 8 mai : en quelques jours les liquidateurs ont évité le pire du pire. Coïncidence que j’ai envie de noter : selon T. Johnson, réalisateur d’un documentaire intitulé La bataille de Tchernobyl, cette centrale porte un nom : celui de Lénine ; c’est la centrale Lénine mais l’usage courant a retenu le nom du lieu, Tchernobyl ; au passage noter également que parmi les premiers arrivés, il y avait : les petits groupes de cinq qui faisaient la garde du parti communiste en cas de coup dur.   
   
    L’explosion condense plusieurs drames de niveaux et de nature différents, celui du nucléaire et de ses dangers, celui de l’Ukraine où se trouve la centrale, celui des risques courus par les populations qui se trouvaient dans sa proximité ; celui de l’Union Soviétique ; celui du gouvernement Gorbatchev dont on pouvait attendre une sorte de renouveau quoique sur ce point les avis divergent mais sur lequel peut-on raisonnablement penser la catastrophe n’a pu que lourdement peser, immédiatement évidemment  et probablement jusqu’à sa démission en 1991 ; drame de ceux que l’on a appelés les liquidateurs et dont la grandeur n’apparaîtra ou ne m’apparaitra qu’au bout de longues années, vingt ans plus tard, vingt ans trop tard ; et puis avec le nuage qui s’est formé et s’est élevé dans l’atmosphère, drames tout de suite perçus des particules radioactives et de leurs retombées en Union Soviétique, en Europe ou encore ailleurs dans le monde, étendant les menaces, variables certes, à d'autres populations. Stupeur et nécessité de savoir ; et de savoir quoi faire.
    Peut-on faire confiance aux informations officielles qu’elles viennent d’Union Soviétique ou d’ailleurs ? Aux journalistes ? Aux spécialistes ? Dès les premiers jours des contradictions apparaissent  et ça va durer longtemps. Il y a celles qui tendent à minimiser l’accident et celles qui le maximisent mais sa mesure réelle échappe. Pour là-bas et pour ici, la vérité est un besoin, une urgence et on a le sentiment qu’elle est, comme souvent, difficile à saisir. 

    En France, il y aura la querelle du nuage avec ses aspects sérieux et ses côtés loufoques. Au mois de mars de cette même année, les élections législatives ont été favorables à la droite : gouvernement de J. Chirac et cohabitation. J’aimerais savoir si Monsieur Mitterrand et Monsieur Chirac ont parlé ensemble du nuage. De toute façon, outre les autres motifs, il y a le plus souvent dans l’air, prête à servir, l’idée que les gens comme vous et moi sont facilement sujets à la panique et qu’il faut nous en préserver, enfants que nous sommes ; alors que de mon point de vue, erroné peut-être, ce n’est pas la rétention mais la diffusion des informations qui évite les effets de panique, en nous permettant de saisir la situation au lieu d’errer d'un préjugé à l’autre.
    En mai 1986, se crée la Criirad, un groupe de physiciens et de chercheurs  indépendant et c’est un contrepoids bienvenu au SCPRI dont les agents missionnés font serment de secret 6 . Les débats les plus pénibles dont certains inacceptables, portent sur le nombre des morts, des blessés, des malades provoqués par la catastrophe de Tchernobyl : s’il y a un domaine dans lequel l’honnêteté devrait prévaloir sans difficulté, c’est bien celui-là ; depuis le début et à tout moment. Si l’Union Soviétique n’existe plus, les territoires touchés, eux, demeurent et c’est là-bas d’abord que les gens vivent et meurent avec le désastre de Tchernobyl. 
   
    Et pourtant : dés l’accident connu, deux chiffres concernant le nombre immédiat  des morts : 2 ou 2000 ?7  Qui croire et quoi croire ? Au bout de quelques temps, c’est 2 qui s’impose. Depuis, avoir à constater que les affrontements demeurent, que la réalité et la vérité si dépendantes l’une de l’autre ont bien du mal à se faire connaître et reconnaître, en particulier dans les dix premières années ; et par exemple s’agissant des organisations internationales liées à l’O.N.U. : apprendre par le documentaire de W. Tchertkoff, Controverses nucléaires et par Michel Fernex que les actes du congrès de  l’O.M.S. (Organisation mondiale de la santé ; mondiale, on lit bien)  tenu à Genève en 1995 n’ont pas été publiés en raison d’un accord ancien entre l’O.M.S. et l’A.I.E.A. (Agence internationale pour l'énergie atomique ; internationale, on lit bien) qui donnait à cette agence droit de contrôle sur la diffusion des données recueillies par l’O.M.S. lorsque l’énergie atomique était en cause ; dans le même documentaire, apprendre du Docteur Nakajima - ancien directeur de l’O.M.S. -que l’O.M.S. et l’A.I.E.A. constituent des départements de l’O.N.U. mais que l’organisation de santé dépend du Conseil pour le développement économique et social tandis que l’agence elle relève du Conseil de sécurité, ce qui donne un accès fut-il vague aux priorités et aux systèmes d’autorité. Mais ce documentaire, c’est en 2011 seulement que je l’ai vu.
    Un peu plus tôt mais si tard déjà, avoir aussi à constater que les victimes ont dû et doivent se battre pour faire reconnaître  qu’elles  le  sont et à l’égard des pouvoirs dans ces
régions et à l’égard des organisations internationales. Ce seul constat est déjà une désolation.
    Mais il y a concernant les liquidateurs des faits que ni nous ni les générations qui nous suivront ne doivent oublier : ils ont donné volontairement ou sur ordre leurs vies pour leur pays et pour nous, ici en Europe. Pour ce qui me concerne, il a fallu qu’en 2006, il y a cinq ans V. Kitaev vienne à Toulouse pour qu’enfin je commence à comprendre. V. Kitaev était alors et est sans doute encore président de l’association Union Tchernobyl de la région de Moscou qui cherche à défendre les droits de ceux que l’on a appelés les liquidateurs. Liquidateurs ? Ce mot  en russe dit peut-être exactement ce qu’il faut mais en français résonne bizarrement : dit-on liquidateurs de Fukushima ? À-t-on dit liquidateurs pour les pompiers des Twin Towers ? Dire sauveteurs pour ceux qui sont intervenus à Tchernobyl. Monsieur Kitaev est allé dans plusieurs villes de France. C’est le 12 avril qu’il est à Toulouse, invité par les associations Les Amis de la terre et Sortir du nucléaire. Il ne parle pas le français. C’est Carine Clément qui assure la traduction. Ses vêtements, ses attitudes, sa voix manifestent de la simplicité, de la volonté, de la modestie et presque de la timidité. Certes, il ne se prend pas pour un héros, peut-être parce qu’à la différence de tant d’autres qu’il a connus lui vit encore. Avec lui et par lui, le bouleversant entre et reste dans la salle où nous sommes. V. Kitaev est présent pour soutenir la cause des liquidateurs-sauveteurs.  Il parle des vivants et des morts, de la situation des malades, des promesses faites et non tenues, des difficultés. Comme s’il s’agissait d’oublier en les oubliant.
    
    Pompiers, volontaires, pilotes d’hélicoptères, soldats appelés et réservistes,  mineurs, spécialistes venus creuser un tunnel. Combien étaient-ils engagés dans cette guerre avec la centrale ? 600 000, 800 000, un million ? Les chiffres varient. Combien sont morts ou invalides 20 ans après ? Selon  Monsieur Kitaev et son association 25 000 pour les uns et plus de 160 000 pour les autres. Ils nous ont protégés. Ce même soir, au cours de cette même réunion  le documentaire Le Sacrifice a été diffusé et par lui des images d’Anatoli Saragovietz qui aimait tant la vie et qui était en train de la perdre à cause de son intervention à la centrale et de la maladie des rayons, comme certains l’appelle. Alors j’ai décidé une toute petite chose : leur écrire, faire signer cette lettre par d’autres et l’envoyer à celui qui est venu nous parler, à son nom et à l’adresse à Moscou de l’Union Tchernobyl. En un jour et demi plus de 100 personnes l’avaient cosignée. Elle est partie en recommandé par le courrier de l'Université. Elle n’est jamais arrivée. Après une réclamation, les feuillets de recommandation et la lettre sont revenus. Que s’est-il passé ? Je ne sais. Un incident au départ ou à l’arrivée ? Il aurait fallu l’énergie de chercher. Je ne l’ai pas eue : j’étais devenue malade et une lettre vingt ans après, c’était si peu.  J’ai abandonné, pas bien contente de moi à cause des signataires et avec nostalgie parce qu’ici en 2006,  les liquidateurs-sauveteurs et leur action étaient plutôt négligés. Quelques personnes avaient fait des copies, envisageaient de recueillir des signatures et d’en faire envoi de leur côté. Peut-être celles-là sont-elles parvenues à leur destination.

Frédéric a jugé qu’Artefacte pouvait publier cette lettre mais j’ai voulu la compléter. On a le choix de respecter, d’admirer ces jeunes hommes, de les accueillir dans nos cœurs ou bien de ricaner en jugeant qu’ils ont été bien cons de risquer leurs santés ou leurs vies pour les autres et qu’à leur place on se serait taillé le mieux qu’on aurait  pu. Chacun a le choix. Mais quel qu’il soit, ici où nous sommes, nous sommes face à ceci qu’ils ont aussi sauvé l’Europe. Est-ce qu’il peut y avoir des ricaneurs assez ricaneurs pour devoir leur sauvegarde à ces jeunes hommes des premières heures et des premiers jours et ne pas le reconnaître ? Pourtant ni vous ni moi n’avons fait grand chose. Leur dire merci avant qu’ils ne meurent, ce presque rien nous ne l’avons pas fait. Le nuage oui nous a préoccupés, la centrale, le réacteur, la contamination, les civils.
    Mais  les volontaires,  « éduqués par le parti » à faire simplement leur devoir comme le dit l’un d'eux ? Et tous les autres, décidés ou  par obligation  qui sont allés faire le boulot, le terrible boulot par patriotisme et par altruisme, mal informés, mal protégés ? La situation imposée par la catastrophe de Tchernobyl était, on en convient aujourd’hui, tout à fait inédite, rendant vaines probablement les dispositions prévues antérieurement eussent-elles été améliorées et renforcées, comme le voulait V. Legassov. On peut faire une sorte de maladroit rapprochement avec le tsunami qui nous a-t-on dit a pris de cours à Fukushima les exploitants de Tepco. Sauf si V. Legassov avait imaginé un accident proche de celui qui a eu lieu auquel cas la responsabilité de ceux qui n’en auraient pas tenu compte serait lourdement engagée et on peut penser que cela se saurait. V. Ternienko pour sa part indique qu’« un accident de cette envergure n’avait pas été prévu au moment de l’élaboration du projet ». Et c’est bien l’inédit qui fait aujourd’hui  consensus. Qui peut savoir quoi faire dans une situation inédite ? J’aimerais tellement qu’il y ait une réponse à cette question. On a reproché et on reproche encore aux autorités soviétiques d’avoir envoyé au casse-pipe un si grand nombre de jeunes hommes et on reconnaît que les consignes étaient de limiter l’exposition à quelques secondes et à quelques minutes. Quel était le moins épouvantable des choix ? Beaucoup de gens et peu de temps, en comptant sur la brièveté comme une chance possible ou moins de gens et plus longtemps que délibérément ainsi on envoyait à une mort certaine ? D’autres situations inédites peuvent-elles se produire ?  Qui nous le dira ? Quels seront alors les choix ? Que se passe-t-il à Fukushima ? Mais autant qu’il faille comprendre l’inédit ne serait pas la seule menace, la répétition le serait aussi. Je lis ceci dans l’ouvrage d’Y. Lecerf et E. Parker, très défenseurs du nucléaire civil et d’un leadership français dans ce domaine au titre d'un des scénarios, selon leur expression, qu’ils considèrent comme possibles. C’est à la page 249 ; « le plus simple pour en finir avec le nucléaire européen serait un second Tchernobyl ». Les auteurs envisagent alors deux versions. L’une voudrait qu’il s’agisse « d’un « faux Tchernobyl », d’un simple coup de désinformation. « On laisserait croire qu’un accident grave a eu lieu. On larguerait même quelques saletés dans l’atmosphère pour l’accréditer ». Passons sur le on et le largage et lisons la deuxième version. « L'accident pourrait aussi être véritable et avoir été provoqué par des services secrets dans une installation nucléaire quelconque ». Y. Lecerf et E. Parker (cf la présentation qui est faite d’eux en 4ème de couverture de leur livre) ont été ingénieurs nucléaires et ont exercé différentes responsabilités institutionnelles et ce sont deux hommes qui estiment, on pourrait dire tranquillement, qu’un second Tchernobyl pourrait être du à une action de services secrets. Il convient d’ajouter que pour eux, au moins en 1987 date de leur publication, le premier Tchernobyl n’est pas un accident grave et qu’ils utilisent les termes de « non-événement » pour qualifier peut-être l’accident lui-même et en tout cas ses retombées européennes (voir le premier paragraphe page 229 qui laisse hésitant sur l’extension à donner au « non-événement ») ; de sorte que  le second Tchernobyl qu’ils évoquent ne pourrait, selon eux, doit-on penser, qu’être dépourvu de gravité. Mais quand même : un accident nucléaire mais cette fois provoqué, une action des services secrets : qui pourrait prendre une telle décision si méprisante des gens ordinaires ? Tu te sens les sentiments, les nerfs et les pensées en boule, ne laissant le passage qu’à un seul impératif. Il faut qu’une telle décision, action, situation soient impossibles : à court terme le machiavélisme peut sembler servir mais quoiqu’en disent certains il est je crois bien une marque d’impuissance qui finit par se montrer. En tout cas il faut rendre impossibles ses formes les plus morbides. Il faut que les autorités civiles et religieuses se prononcent ; que les partis politiques, les syndicats, les associations, les clubs de dirigeants prennent position ; que des engagements internationaux nous délivrent de ce genre de menaces ; que l’O.N.U. décide d’un referendum mondial qui nous permette de dire que nous ne voulons pas  d’actes comme ceux-là. Il faut que ceux qui seraient tentés par ces formes de guerre aillent chercher en eux la morale d’y renoncer. Utopies mes il faut ? Mais alors quoi ? Quoi ferra notre protection ? Qui nous la garantira ? Et comment exercer nos droits et nos devoirs de citoyens à l’égard de ceux que nous aimons, de nos semblables et de nous-mêmes ? Parfois je crains que nous comptions bien peu. Si rien ne se fait d’autre que le silence, il sonnerait comme un aveu. 

Françoise Paul-Lévy
Début novembre 2011.

 

1 Lire à ce sujet la lettre du Professeur V. Nesterenko.

2 Pour la date de 1983, voir Y. Lecerf et E. Parker, L'affaire Tchernobyl, P.U.F., 1987, p.34.

3 Même ouvrage p.13.

4 In La bataille de Tchernobyl, 2006.

5 Comité Central du parti communiste.

6 Décret paru au J. O. (Journal Officiel ) le 15 juin 1966, article 2.

7 Même ouvrage de Y. L . et E. P.  pp.9-11.

 

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Lire également sur ce sujet : "Les véritables dimensions de la catastrophe de Tchernobyl " & "Aux sauveteurs de Tchernobyl" de Françoise Paul-Lévy.


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